En 2017, après 36 années d’un parcours artistique foisonnant, 30 créations, plus de 4 000 représentations en France dans 21 pays sur les 5 continents devant près de 600 000 spectateurs, Flash Marionnettes tire sa révérence...

Mais pourquoi donc ?
— nous a-t-on souvent demandé (car cette décision a été prise il y a déjà quelques années) et nous demande-t-on encore.

À cette question, de multiples réponses – comme pour toute décision complexe et mûrement réfléchie – peuvent être apportées, toutes nécessaires, aucune suffisante... Pour ce faire, et puisque nous restons “gens de théâtre”, amusons-nous à user de plusieurs registres :

Étonné : — Pourquoi un tel reproche ? La sociologie nous apprend que dans la société française actuelle on change en moyenne de partenaire érotique tous les 8 ans, de domicile tous les 10 ans, d’emploi tous les 11 ans... Et on nous demande pourquoi nous arrêtons un cycle qui en a duré 36 ?... Il faudrait plutôt nous demander comment on a fait pour “durer” si longtemps !

Chevaleresque : — Place aux jeunes !

Fier : — Parce que nous ne laisserons à personne d’autre qu’à nous-mêmes le soin de décider de notre sort. Plutôt que de nous abandonner au déclin inéluctable de toutes choses, nous préférons tirer notre révérence avec les honneurs, avec une dernière création, ANIMAL, qui achève son parcours avec plus de 130 représentations dans 45 théâtres français en deux saisons, ce qui relève de l’exploit par les temps qui courent.

Réaliste : — Les temps qui courent, parlons-en : le spectacle vivant traverse depuis pas mal d’années (combien au juste ? ceci est un autre débat...) une crise profonde, qui rend la production et la diffusion de tout spectacle de plus en plus fragile et aléatoire, et, conséquemment, le travail gestionnaire, aussi noble et nécessaire soit-il, de plus en plus chronophage. Tout cela au risque de la lassitude et au détriment de l’essentiel, c’est-à-dire l’artistique. Nous devançons ce risque, dont nous sentions bien qu’il était en passe de nous rattraper.

Enthousiaste : — Pour pouvoir faire ce que nous n’avions pas le temps de faire : se lancer, chacun des membres du “trio historique” (Corine Linden, Ismaïl Safwan et Michel Klein), dans de nouvelles aventures artistiques ou extra-artistiques sans les lourdeurs évoquées du fonctionnement de la petite entreprise qu’est toute compagnie, se frotter en free lance à de revivifiants compagnonnages, se séparer pour, parfois, mieux se retrouver... Réalimenter le désir, en somme !

*

Mais nous ne pouvions quitter la scène sans adresser, du fond du cœur, un grand merci à ceux qui nous ont encouragés, accueillis, soutenus... Et surtout un immense merci à tous nos spectateurs, petits ou grands : c’est vous qui nous avez poussés, stimulés, obligés à toujours plus d’exigence et d’inventivité. Vous êtes ceux à qui nous devons l’essentiel.



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